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Modes de pensées

Sculpter les modes de pensée, pour Nathalie Decoster, c’est donner à réfléchir sur la tolérance et le respect d’autrui, sources de diversité donc de richesse.
C’est aussi l’occasion d’analyser des constructions mentales hors des sentiers battus, car fondées sur la notion de liberté. C’est enfin se pencher sur la fragilité, le caractère versatile de nos émotions, qui règnent en maîtresses sur nos vies. La dialectique entre deux modes de pensée opposés et pourtant inséparables présente dans « Est-Ouest » révèle la grande solitude de tout dogme. Au contraire la sculpture « Stéréo », donne à voir l’unité trouvée dans la différence, l’harmonie parfaite, la grâce, l’amplitude offertes par la reconnaissance de la liberté de l’autre. Dans « Tous les chemins mènent à Rome », discrète leçon de vie et de respect d’autrui, nous sommes invités à considérer que la seule mesure possible d’un parcours individuel est celle du bonheur. Même chose avec « De A à Z », véritable feu d’artifice, qui montre la diversité infinie des choix de vie, des possibilités qui s’offrent à nous. L’œuvre « Deux ex machina » symbolise quant à elle l’irruption de la spiritualité et de la pensée religieuse, représentés par un personnage divin-ou son avatar contemporain, le chef d’entreprise au sein d’une foule d’hommes pris d’un activisme répétitif. Nouveau clin d’œil, « Sens giratoire », sur un mode humoristique cher à l’artiste, crée un sentiment d’uniformité, de passage obligé et, finalement de posture grégaire. La sculpture « Points de vue », plus optimiste, nous parle de visions du monde et de la vie par définition incommunicables et cependant échangées, partagées, dans une joyeuse cohabitation. La diversité des modes de pensée existe aussi au sein du couple. Ainsi découvre-t-on dans « Tête à tête II » deux êtres dont l’un pense « carré », l’autre « rond », l’un raison, l’autre émotion… Mais « Tête à tête I », d’inspiration primitive, exprime la parfaite complémentarité des inséparables, le plein et le délié, la femme et l’homme. S’attachant à la structure de notre esprit elle-même, « Brainstorming I et II » en appellent à la notion de pensée divergente, « hors du cadre », qui, dans un exercice de liberté et de fantaisie plus ou moins surveillées, se défait des contraintes pour mieux s’envoler. Un mode de pensée, cela peut être également ce qu’il y a de plus intime en nous: notre humeur, notre personnalité, notre destin, ce qui fait, finalement, notre unicité. C’est dans cette recherche de recherche de l’invisible que le travail de Nathalie Decoster affirme à plein sa force d’expression. « D’un jour à l’autre » met en scène deux êtres peut-être un couple en équilibre sur la balance de la vie, tour à tour en mode majeur et mineur, dans une situation de réussite ou de bonheur éphémère par essence. La sculpture « Faire le vide » évoque cet instant périlleux où l’on est comme suspendu à un fil, isolé du monde, dans l’attente d’une renaissance. L’échappée de notes de musique en liberté de « Si la sol » est une ode à la légèreté et à la gaieté, qui unit, malgré les différences de cadre, les danseurs autour d’un même mode d’être. Tandis que « Vagabondage » nous invite à perdre délicieusement du temps, voire à prendre la clé des champs, « Délirium » rappelle que l’éclectisme, et même un certain désordre qu’ils soient dans nos vies ou dans nos pensées, sont féconds. À l’identique, le rêveur ivre de « Dans la lune », ouvert aux rencontres comme aux accidents de parcours, que nous surprenons en pleine rationalité buissonnière, amène à penser que la plus riche n’est sans doute pas la ligne droite… Plus sombres, les oeuvres « Qui s’y frotte, s’y pique » et « Etre et paraître » mettent en lumière des êtres isolés dans leurs tours d’ivoires ou derrière des murs d’apparences et de conventions, bardés de certitudes qui sont autant de défenses, et nous signifient combien il est bien difficile d’être soi-même dans la société des hommes.